
Gérer le stress avant une présentation importante, guide de survie de l’enseignant-chercheur
Avouons-le : même après des années à jongler entre cours magistraux, séminaires et colloques, ce petit pincement au ventre avant une présentation cruciale persiste, n’est-ce pas ? Devant des étudiants, des pairs exigeants ou un jury de thèse, le stress peut transformer un échange scientifique en épreuve. Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas seul·es ! Ce trac, cette boule au ventre, ces mains moites, sont des compagnons de route connus de tous les orateur·ices, même les plus aguerris. Loin d’être un signe de faiblesse, c’est une réaction humaine normale face à l’enjeu. L’objectif n’est pas de l’éradiquer, mais de l’apprivoiser, de le transformer en allié.
Comprendre le stress : votre cerveau n’est pas votre ennemi (enfin, pas toujours !)
Avant de gérer le stress, il est essentiel de le comprendre. C’est une réaction physiologique et psychologique de votre corps face à une situation perçue comme menaçante ou exigeante. Devant une présentation, votre cerveau reptilien, celui des instincts de survie, se met en mode « combat ou fuite ». Adrénaline, cortisol… un cocktail explosif garanti ! Cœur qui bat la chamade, mains moites, bouche sèche, esprit qui s’emballe ou se vide…
Tous ces symptômes indiquent que votre corps se prépare à l’action. Et c’est une bonne nouvelle ! Cela signifie que vous êtes vivant, que vous vous souciez de ce que vous faites, et que vous avez envie de bien faire. Le stress n’est pas intrinsèquement mauvais ; il peut même être un moteur, un « bon stress » qui aiguise votre concentration et votre réactivité. Le problème survient quand il devient excessif, paralysant, et qu’il vous empêche de donner le meilleur de vous-même.
Pour les enseignants-chercheurs, la pression est souvent double. D’une part, l’exigence académique : rigueur scientifique, peur de l’erreur, jugement des pairs. D’autre part, l’enjeu pédagogique : capter l’attention d’un auditoire parfois blasé, transmettre des concepts complexes avec clarté, inspirer. Cette combinaison peut être un véritable nid à stress. L’Université de Laval (Canada) souligne que l’évitement des présentations publiques est la mère de l’anxiété. Plus on évite, plus la peur grandit. Il est donc crucial de ne pas fuir ces situations, mais de les affronter avec les bonnes stratégies.
J’ai un jour assisté à une conférence où un professeur émérite, réputé pour son calme olympien, a eu un trou de mémoire monumental en plein milieu de sa présentation. Le silence dans la salle était assourdissant. Après quelques secondes qui ont semblé une éternité, il a souri, a pris une grande inspiration et a lancé avec un humour déconcertant : « Eh bien, il semblerait que mon cerveau ait décidé de prendre une petite pause café ! Permettez-moi de le réveiller… » Il a ensuite repris le fil de son discours avec une aisance retrouvée, gagnant au passage la sympathie de toute l’audience.
Cette anecdote illustre parfaitement qu’une petite dose d’autodérision peut désamorcer n’importe quelle situation stressante. L’important n’est pas de ne jamais trébucher, mais de savoir se relever avec panache !
La préparation, votre meilleure alliée anti-stress (et anti-gaffes !)
On dit souvent que la préparation est la clé du succès. Pour gérer le stress avant une présentation, c’est une vérité d’évangile (ou presque). Une préparation minutieuse ne garantit pas l’absence totale de stress, mais elle réduit considérablement l’incertitude, et donc l’anxiété. Connaître son sujet sur le bout des doigts, c’est la base. Mais pour un enseignant-chercheur, cela va bien au-delà de la simple maîtrise du contenu scientifique. Il s’agit de structurer son propos, de visualiser sa présentation, et de s’entraîner, encore et encore.
Commencez par la structure. Un plan clair, logique, avec une introduction accrocheuse, un développement bien articulé et une conclusion percutante, est un filet de sécurité. Utilisez des intertitres, des transitions fluides, et assurez-vous que votre message principal est limpide. Pensez à votre auditoire : quel est son niveau de connaissance ? Quels sont ses centres d’intérêt ? Comment pouvez-vous rendre votre sujet complexe accessible et passionnant ? La clarté est une forme de bienveillance. Une présentation bien structurée est une présentation qui rassure, tant l’orateur que l’auditoire.
Ensuite, visualisez. Avant le jour J, prenez le temps de vous imaginer en train de faire votre présentation. Visualisez-vous calme, confiant, articulant clairement vos idées, répondant aux questions avec aisance. Cette technique de visualisation positive, souvent utilisée par les sportifs de haut niveau, aide à reprogrammer votre cerveau et à réduire l’appréhension.
Enfin, entraînez-vous. Répétez à voix haute, devant un miroir, devant des collègues bienveillants, ou même devant votre chat (il est un excellent auditeur, jamais jugeant !). Chronométrez-vous, enregistrez-vous. L’objectif n’est pas de réciter par cœur, mais d’intérioriser votre discours, de le rendre fluide et naturel. Plus vous vous entraînerez, plus vous serez à l’aise avec le rythme, les pauses, les intonations. Et n’oubliez pas de préparer vos réponses aux questions potentielles. Anticiper, c’est désarmer une grande partie du stress.
Le jour J : techniques de dernière minute pour garder son calme (et son humour !)
Malgré toute la préparation du monde, le stress peut resurgir le jour de la présentation. C’est normal ! L’important est d’avoir une boîte à outils de techniques de dernière minute pour le maîtriser. Ces petites astuces peuvent faire toute la différence entre une panique passagère et une performance sereine.
La respiration est votre meilleure amie. Avant de monter sur scène ou de prendre la parole, prenez quelques grandes respirations profondes. Inspirez lentement par le nez, retenez l’air quelques secondes, puis expirez doucement par la bouche. Cette technique simple ralentit votre rythme cardiaque, calme votre système nerveux et vous aide à retrouver votre concentration. C’est une ancre, un point de retour au calme.
Le mouvement aussi. Ne restez pas figé·e. Avant de commencer, faites quelques étirements discrets, bougez vos épaules, votre nuque. Pendant la présentation, utilisez l’espace, déplacez-vous légèrement (si le format le permet). Le mouvement aide à libérer l’énergie nerveuse et à dynamiser votre présence. Si vous êtes derrière un pupitre, n’hésitez pas à utiliser vos mains pour appuyer vos propos, cela vous aidera à vous sentir plus à l’aise.
Connectez-vous à votre auditoire. Au lieu de voir les visages comme des juges potentiels, cherchez des regards bienveillants, des sourires. Établissez un contact visuel avec quelques personnes dans la salle. Cela crée une connexion humaine et vous rappelle que vous êtes là pour partager, pas pour être jugé·e. Et si vous avez un trou de mémoire, n’hésitez pas à faire une pause, à prendre une gorgée d’eau, ou à regarder vos notes. Personne ne vous en voudra. Au contraire, cela montrera votre authenticité.
Le trac, un ami qui vous veut du bien (si vous savez l’écouter !)
Le stress avant une présentation importante n’est pas une fatalité. C’est une énergie, une alerte de votre corps qui vous dit : « Attention, c’est important ! » En le comprenant, en vous préparant minutieusement et en adoptant quelques techniques de gestion de dernière minute, vous pouvez transformer cette appréhension en une force. Vous êtes des experts dans votre domaine, des passeurs de savoir. Votre auditoire est là pour apprendre de vous, pas pour vous juger (enfin, pas toujours !).
Alors, la prochaine fois que le trac pointera le bout de son nez, souriez-lui. Respirez, visualisez, préparez, et surtout, soyez vous-même. Votre authenticité est votre plus grande force. Le monde académique a besoin de votre expertise, mais aussi de votre humanité. Faites de chaque présentation une opportunité de partager votre passion, d’inspirer, et de laisser une empreinte durable. Et n’oubliez jamais : même les plus grands orateurs ont eu le trac. La différence, c’est qu’ils ont appris à danser avec lui.
Tout commence par un échange...
Je rends remarquables les prises de parole de celles et ceux qui veulent changer le monde.
Christine Besneux. Coach & formatrice en prise de parole. Experte en communication.